Opportunités et bons souvenirs pour les uns, regrets amers et désillusions pour d’autres. Les médias ne sont pas restés indifférents au phénomène autour de la collocation. On trouve à ce propos, de très bons reportages en ligne. En voici 3, montrant les dessous et les types de collocation, ses atouts comme ses méfaits : une façon de faire réfléchir à deux fois avant de faire le pas.

La collocation en France

Notre premier reportage raconte les mésaventures d’Éric louant un appartement à Paris. En 2 ans et demi de collocation, il en est déjà à son 9ème colloc dont 3 d’entre eux lui en ont fait voir de toutes les couleurs. Irrespect, désordre, les choses sont même allées jusqu’aux vols et menaces, avec dépôt de plainte de sa part.

Ne nous laissons pas forcément arrêter par de si mauvaises expériences. La collocation peut être sereine si des dispositions sont prises en amont et convenir des règles à respecter permet d’éviter les malentendus. Le meilleur moyen pour se lancer s’apparente au « speed dating » : poster des annonces dans un endroit connu où l’on peut rencontrer son futur colocataire, et ensuite conduire des entretiens pour trouver de potentiels colocataires et faire plus amples connaissances. Ceux qui ont vécu en fratrie savent combien il peut être difficile de supporter l’éclectisme des goûts et le sens de l’ordre ou du désordre de ses propres frères et soeurs. A fortiori quand il s’agit d’un inconnu, cela peut s’avérer un véritable challenge. Alors, il faut toujours mieux clarifier les choses en amont et souvent, ne pas hésiter à des questionnaires précis : mode et l’hygiène de vie, caractère du candidat, attentes, activités et voire même ses goûts musicaux.

La collocation dans le monde

Cet autre reportage montre les différentes facettes de la collocation à travers le monde. Si en France, les étudiants sont les plus nombreux à opter pour la collocation, elle peut prendre d’autres formes dans d’autres pays. Ce documentaire est une véritable invitation au voyage des us et moeurs de nos voisins.

Aux USA, à Manhattan, 15 % des habitants vivent en collocation. Des entreprises se sont même créées pour la pose de cloisons démontables dans les « Flex appartment ». D’autres se spécialisent pour les mobiliers convertibles et multi-usagers. À Rio de Janeiro, la collocation est moins répandue, mais elle existe sous forme de « communautés écologiques » assez singulières. Les habitations sont en pleine nature et les locataires fuyant la vie citadine ne paient aucun loyer et peuvent y rester indéfiniment. Attention, toutefois, en contrepartie, ils doivent participer à des tâches de manière équitable. La frontière est ici ténue entre vie communautaire et colocation à proprement parler. En Jordanie, le reportage nous montrera aussi une forme de collocation forcée. Elle se présente sous forme humanitaire : des appartements donnés aux plus démunis et réfugiés syriens par les ONG. À New Delhi, à cause de la surpopulation, on va même jusqu’à partager le coucher, notamment les chauffeurs de taxi, à plusieurs, louant une seule pièce pour assurer le travail tandis que leur famille reste au village. Le partage fait partie de la culture indienne et la cohabitation ne dérange pas.

Pour agréable que cela puisse être, dans certains contextes, on voit bien que la tendance est, dans de nombreux cas, économique. Et on ne peut s’empêcher de penser qu’avec l’appauvrissement de certaines couches de la population dans nos pays, la colocation pourrait bien, un jour, se trouver être un passage obligé et plus un choix. Avec la flambée immobilière permanente, l’augmentation de la précarité, et une concentration urbaine des richesses et des emplois dans des centres villes de plus en plus réduits, le rêve américain de chacun sa maison, sa voiture et son travail s’éloigne à vue d’œil.

La vie en collocation

Notre troisième reportage illustre la vie en collocation de 4 étudiants de Lyon. Pour faire de leur cohabitation un atout, ces derniers ont mis en place une organisation bien définie. Pour un objectif de réduction des dépenses, les courses se font en commun. Optimisation et efficacité toujours, les courses, la cuisine, ou encore la vaisselle à tour de rôle. Ici, rien n’est laissé au hasard et le frigo clairement compartimenté est à la fois un gage de fonctionnement serein et de respect mutuel. Dans ce contexte transparent, la colocation, en plus d’être un bon plan, peut garder un forme d’esprit de famille, de convivialité et de partage.

Leçons à tirer sur nos différences

Nous sommes différents à bien des niveaux ne serait-ce que cognitif. Les chercheurs américains l’ont montré. Les exigences d’une personne visuelle seront différentes d’un auditif, différentes encore d’un individu qui privilégie la dimension kinesthésique. Pour chacun d’entre eux « être bien chez soi » ne voudra pas dire la même chose (confort d’un bon fauteuil pour l’un, impeccabilité de l’ordre apparent pour l’autre, tranquillité auditive peut-être encore pour le troisième, etc…). En plus de ces réalités tout un tas d’autres paramètres interviennent. Aussi à défaut de compter sur le fait que l’autre va avoir « naturellement » le même sens de l’ordre, de l’hygyène, du respect que vous, ou de croire qu’il va s’approprier l’espace domestique de la même façon que vous, il faut adopter des fonctionnements, des règles et les rendre explicites. C’est un peu lourd, cela ne semble pas très « naturel » mais il faut toujours mieux le faire du départ. Laisser la situation aller aux extrêmes, passer par des situations de crises et définir les règles après n’est jamais bon pour l’ambiance et l’équilibre d’une collocation. Or, cet équilibre est toujours fragile.